Qu’est-ce que la littératie en santé ?
Le Conseil canadien sur l’apprentissage définit la littératie en santé comme : la capacité d’obtenir et de comprendre l’information nécessaire pour gérer sa propre santé sur une base quotidienne (CCA, 2008, p. 3).
La littératie en santé fait appel à un ensemble de connaissances, de motivation et de compétences nécessaires pour :
Trouver l’information ;
La comprendre ;
L’évaluer ;
L’utiliser pour prendre des décisions au regard de l’utilisation des services de santé, des mesures de prévention et de promotion de la santé, et ceci en vue de maintenir ou d’améliorer la santé et la qualité de vie tout au long du parcours de vie des personnes (Rapport non publié du comité ad hoc, traduction libre de Sorensen et al., 2012 ; OMS, 2013).
Après la Neuvième Conférence mondiale sur la promotion de la santé à Shanghai en 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a émis un mandat pour la littératie en santé. L’OMS a déclaré que la littératie en santé est un facteur important pour :
Améliorer la santé ;
Autonomiser les citoyens et citoyennes ;
Et réduire les inégalités en matière de santé.
L’OMS a lié la littératie en santé à l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable (OMS, 2016).

Un investissement
Améliorer la littératie en santé de la population, c’est un investissement pour chacune et chacun de nous. Une population avec de meilleures compétences en littératie en santé :
Prévient les risques de complications et d’intoxications médicamenteuses ;
Réduit les dépenses du système de santé (moins de tests répétés, séjours hospitaliers moins longs, etc.) ;
Constitue une population en meilleure santé ;
Est une population plus autonome, plus à même de prendre des décisions éclairées ;
Contribue à une société dans laquelle il y a plus d’équité.
Pourquoi s’en préoccuper : état de la situation
Au Canada, c’est plus de la moitié des personnes âgées entre 16 et 65 ans qui n’atteignent pas un niveau minimum de littératie générale leur permettant de fonctionner dans la société actuelle (CODAC NB). Ces gens éprouvent des difficultés à :
Lire (par exemple : s’informer en consultant un article de journal) ;
Écrire (par exemple : répondre à une lettre ou à un courriel) ;
Comprendre un texte (par exemple : la marche à suivre pour utiliser un nouvel outil) ;
Comprendre les nombres (par exemple : interpréter une facture de téléphonie).
Lorsqu’il est question de littératie en santé, cette statistique augmente. Le Conseil canadien sur l’apprentissage (2008) l’estime à :
60% des personnes âgées de 16 et 65 ans
Plus de 85% chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Ça vous surprend? Vous ne le croyez pas ! Pensez à Jacques Demers. Vous vous souvenez ? Ancien entraîneur d’équipes de hockey professionnel (ayant d’ailleurs gagné la coupe Stanley !), il a œuvré toute sa vie sans que personne, pas même sa famille, ne s’aperçoive de son défi de littératie. M. Demers avait développé tout un arsenal de trucs et d’astuces pour s’informer sans qu’il ait à lire. Cela lui a permis de négocier de gros contrats pour l’embauche de joueurs de hockey professionnels. Il était même analyste sportif !
L’histoire de Jacques Demers n’est pas un cas isolé. La plupart des personnes qui éprouvent des défis de littératie n’en parlent pas ni à leurs proches, ni aux membres de leurs équipes de travail et pas plus aux personnes œuvrant dans le secteur de la santé.
Imaginez des personnes, telles que Jacques Demers, qui sont aux prises avec une ou plusieurs maladies chroniques. Ces gens ont à :
Gérer leurs médications ;
Modifier leurs habitudes alimentaires ;
Suivre un programme d’exercices (flexion, extension, rotation, etc.) ;
Monitorer leur condition de santé (tension artérielle, glycémie, etc.) ;
Planifier les visites de suivi ;
Se préparer à des tests et des examens périodiques ;
etc.
Comment y arrivent-elles ?
Y a-t-il des mécanismes ou des ressources à développer et à déployer ?
Est-ce que les personnes œuvrant dans le secteur de la santé peuvent aider ?

Des gestes à poser
Chacune et chacun de nous peut contribuer à modifier cet état de la situation :
Individuellement : la littératie, c’est un peu comme la forme physique. Il faut y travailler chaque jour sinon, elle décline. Aussi peu que 10 minutes de lecture par jour (journal, infolettre, texte de poésie, bande dessinée, recette, etc.) peuvent aider à maintenir nos habiletés de littératie.
En tant que parents ou membres de la famille : encouragez les membres de votre famille à lire chaque jour. Joignez-vous à un groupe d’alphabétisation familiale. Offrez la lecture en cadeau. Montrez l’exemple en lisant avec vos enfants et petits-enfants! Fréquentez la bibliothèque publique : c’est gratuit et on y apprend tant de choses !
En tant que citoyenne et citoyen : devenez bénévole pour un programme tel que Lire et faire lire Acadie pour aider les élèves à développer leurs habiletés de lecture. Demandez aux personnes en position de décision d’investir dans l’éducation et la culture !
En tant que gestionnaires d’entreprises : encouragez vos gens à développer leurs compétences en littératie. Contactez les organismes en littératie afin d’explorer la possibilité d’offrir des classes d’alphabétisation directement sur les lieux de travail.
En tant que personnes œuvrant dans le secteur de la santé : outillez-vous afin d’améliorer vos communications (écrites et parlées). Offrez des informations claires, dans un langage simple, utilisé tous les jours, afin de permettre aux personnes à qui vous offrez vos services de s’approprier l’information et les utiliser! Encouragez vos les gens à poser des questions lorsqu’ils vous consultent. Apprenez comment vérifier que votre information (écrite et parlée) est offerte clairement.
Préparé par Nathalie Boivin, PhD et membre du conseil d'administration du CODAC NB.
Références
Association canadienne de santé publique. Exemples de mise en application de la littératie en santé, Ottawa (Ontario), 2014
Conseil canadien sur l’apprentissage. (2008). La Littératie en santé au Canada : Une question de bien-être 2008 (Ottawa: 2008). 41 pages